M.D. Paris – Abandon parents et suicide conjoint
Témoignage manuscrit reçu le 27 avril 2008
Bonjour Mr Cauver,
Je suis M. D., nous nous sommes vus le lundi 12 novembre 2007, vous m’aviez généreusement offert l’une de vos journées.
Pour rappel, j’ai appris que mon père n’était pas mon père à l’âge de dix ans, ma mère est décédée dans une avalanche quand j’avais quinze ans et un ex-petit ami s’est suicidé quelques temps après l’avoir quittée.
J’étais venue dans l’intention de travailler sur la douleur de la perte de ma maman et nous avions travaillé sur l’abandon. Dans la séance, le suicide de J. et le fait d’avoir trouvé son corps étaient ressortis.
Ce que je peux dire, c’est qu’avant ma venue chez vous, je ne savais pas du tout où j’en étais par rapport à cet événement. J’évitais au maximum d’y penser, et lorsque par mégarde, je tombais sur l’une de ses photos ou sur l’un de ses tableaux, je fondais en larmes.
Depuis notre rencontre, sans vraiment m’en apercevoir, je peux regarder nos photos, voir ses tableaux, et même me rappeler de lui en toute sérénité, quel soulagement !
Et depuis début février, mes cheveux ne tombent presque plus, trois mois après notre entrevue (quand le cheveu tombe, cela fait déjà trois mois qu’il est mort). Il faut que ça continue, et surtout qu’ils repoussent maintenant…
Mais si je viens vous écrire aujourd’hui, c’est surtout pour la découverte que j’ai faite il y a dix jours suite à un événement.
En séance, vous aviez vous-même souligné et senti qu’il y avait autre chose que l’abandon, mais nous n’avions pas pu déceler ce qui n’allait pas au plus profond et je crois que grâce à notre travail, nous avons pu éliminer tout ce qu’il y avait en surface. Et maintenant que tout ça est guéri, je viens de me rendre compte que je vis la vie que ma mère a eu avec mon beau-père. Ma mère m’a transmis en héritage son « sacrifice »… Je m’explique :
Mon père biologique a quitté ma mère quand elle était enceinte et comme à l’époque c’était inconcevable d’être seule avec un enfant, elle a choisi en toute conscience un homme qu’elle n’aimait pas vraiment, pour que j’ai un père. D’ailleurs, elle m’a bien dit que « c’était pour moi qu’elle était restée avec lui ». Dix ans où elle s’est forcée, où chaque jour elle se sentait malheureuse, mal accompagnée.
Je pense que j’ai grandi imprégnée de ses sentiments, et que l’on m’a « appris » qu’être avec un homme, ce n’est pas être heureuse, c’est se sentir redevable (il l’avait acceptée, elle avec sa fille, comment pouvait-elle le quitter ?), c’est se sentir obligée de vivre à ses côtés sans l’aimer.
La culpabilité de ma mère lorsqu’au bout de dix ans « elle n’en pouvait plus », comme elle disait, et qu’elle a explosé son couple, séparation dramatique, de son côté mon beau-père a exercé une pression énorme jouant sur la culpabilité, sur les menaces du suicide (je me souviens de ma mère, n’en pouvant plus, se taper la tête contre les murs pour ne plus penser), et me voilà quelques années plus tard, avec mes séparations toujours dramatiques, allant même jusqu’au suicide.
Je pense avoir enfin compris mon mal-être, cette impression de ne pas vivre ma vie, de n’être pas moi-même, je crois que je vis la vie de maman et non la mienne. Je pense que je m’empêche d’être heureuse, je ne m’en donne pas le droit.
A chaque fois que je suis avec un homme, j’ai la sensation de lui être redevable, de lui devoir quelque chose, d’être « obligée » de rester avec lui. D’où ces années à rester avec les hommes sans les aimer (et quelle souffrance !).
Quand je suis avec un homme, il FAUT que je sois malheureuse, il FAUT que ce ne soit pas le bon, il FAUT que chaque jour je rêve d’une autre relation comme maman l’a fait pendant les dix premières années de ma vie. Et je n’ai pas eu d’enfant, comme elle avec lui.
J’ai encore plein de ressentis que j’ai du mal à mettre par écrit, et ma relation avec mon beau-père est assez difficile, il y a un vrai malaise…
Je pense que je me suis identifiée à ma mère, peut-être que ce mot est un peu fort, mais en tous les cas, je me sens coupable et il faut que je guérisse de ce sentiment.
Pendant toutes ces années, j’ai scrupuleusement appliqué ce qu’on m’avait « appris », ne pas être heureuse en couple et se sentir redevable et je pense que tout ça était caché par la douleur de l’absence de maman et l’abandon de mon père. J’ai toujours cru que c’était par la peur d’être abandonnée que je gérais aussi mal ma vie, mais je crois que je regardais au mauvais endroit. Et si je peux comprendre ça aujourd’hui, c’est grâce à vous, merci de tout cœur, merci de m’avoir aidée.
Je ne sais pas si vous offrez encore des journées, si c’est encore le cas et si vous pensez qu’avec l’EMDR je pourrais sortir de cette culpabilité et vivre enfin ma propre vie, n’hésitez pas à me le faire savoir, je viendrais avec beaucoup de plaisir ! Et même si ce n’est pas le cas et que vous voulez un témoignage plus détaillé, dites-le moi et je donnerai suite à votre demande.
Merci de votre patience.